Conçues dans les années soixante, les politiques d'affirmative action ont été mises en oeuvre aux Etats-Unis dans les domaines de l'emploi, des marchés publics et de l'accès à l'enseignement supérieur pour compenser les discriminations passées. En dépit d'une loi en la matière (Fair Housing Act), leur application au domaine du logement est restée théorique, peu de changement intervenant dans le caractère très séparé de l'habitat aux Etats-Unis, au contraire. Dans les années quatre-vingt, la jurisprudence de la Cour Suprême est devenue beaucoup plus restrictive et a limité de fait les programmes d'affirmation action, notamment pour l'admission dans les Universités. S'agissant du logement, la question de l'hyper ségrégation des noirs ne parait donc pas devoir évoluer à court terme. Même les afro-américains disposant de moyens financiers ne peuvent aujourd'hui que difficilement s'installer dans les quartiers blancs où les équipements sont de bien meilleure qualité. (résumé de la publication)
Les défauts attribués à la sociologie britannique des "relations raciales" (comme d'ailleurs à son homologue américaine) servent souvent, en France, à discréditer le concept même d'ethnicité et le principe même de recherchdes sur les phénomènes ethniques. Pourtant, même s'il n'est pas acceptable dans sa forme orthodoxe et même si son excessive politisation nuit à son utilité scientifique, le paradigme consistant à analyser le racisme comme sous-produit du capitalisme reste fécond. En le généralisant, on arrive à l'idée que les identités collectives sont des constructions idéologiques qui rendent compte de phénomènes d'inégalité structurelle. Cette idée, qui fait une place centrale au groupe identitaire comme "communauté de souffrance", offre des perspectives intéressantes pour étudier l'impact identitaire des formes d'inégalité subies par les enfants d'immigrés touchés, aussi bien en France qu'au Royaume-Uni, à la fois par le racisme et par la restructuration économique..(résumé de la publication)
Il convient de rappeler d'abord les différences de sensibilités et de cadre juridico-institutionnel, en matière d'immigration et de rapports interculturels, qui distinguent le Canada des USA et le Canada anglais du Québec. L'idéologie canadienne de la mosaïque cherche à se distinguer du melting pot américain comme l'interculturalisme à la québecoise se veut distinct du multiculturalisme canadien. Si la formation d'espaces résidentiels ethniquement marqués a traditionnellement été perçue comme allant de soi, certains s'inquiètent depuis peu de la relative absence des populations issues des "peuples fondateurs" dans les zones actuelles d'établissement de l'immigration, caractérisées par une forte pluriethnicité. Les défis posés, du point de vue de l'intégration des nouveaux arrivants et des conditions de la cohabitation, sont examinés sur divers terrains d'échanges à l'échelle des quartiers : la vie associative, les ensembles HLM et les coopératives d'habitation, les opérations de mixité sociale programmée. Modulées par l'intervention publique, les dynamiques observées se démarquent de la logique générale du marché du logement qui, elle, demeure axée sur la recherche des compatibilités, voire de l'homogénéité ethnique et sociale. (résumé de la publication)
Etude comparée des questions d'accès au logement des migrants et des politiques publiques en la matière. Les situations françaises sont comparées à celles du Royaume-Uni, du Canada et des Etats-Unis.
Si les effets de structure restent décisifs, dans les localisations des familles maghrébines immigrées, ces populations ne sont pas entièrement déterminées par ces contraintes externes. Ainsi le vécu de l'habitat en pays d'arrivée ne peut se penser, pour les primo-arrivants, sans l'investissement affectif et économique au pays d'origine. Les choses changent avec le regroupement familial et les nécessaires concessions à l'intégration. Les tendances au communautarisme et l'autoperception d'étranger par les parents sont alors concurrencées par les velléités de relations transethniques portées par les enfants et leur volonté d'échapper à la trop grande emprise de la communauté. L'habitat est donc vécu en rapport avec ces moments contrastés du parcours migratoire. Le primo-arrivant l'occupe comme transitoire et accessoire en période de célibat, puis comme refuge domestique, protecteur, réapproprié avec les dispositions culturelles d'origine. Son descendant lui le vit comme centre d'une reconstruction identitaire originale et fera de la maison de retour une résidence secondaire, cependant signe d'une ascension sociale. (résumé de la publication)
En regroupant plusieurs séries de données, il apparaît qu'aujourd'hui à Marseille, une grande partie de la population algérienne est établie dans les logements sociaux de la ville. Les représentations communes font de cette situation la résultante d'une mutation interne au parc de logement (fuite des classes moyennes, précarisation, etc), ce qui entérine une vision substantialiste de la frontière ethnique ainsi marquée. En remontant l'histoire du logement social marseillais et les logiques politiques qui le travaillent, ce texte s'emploie au contraire à montrer que la frontière ethnique et les désignations qu'elle suppose sont présentes dès l'origine des dispositifs et procédures institutionnelles. Au coeur de l'arène politique qui s'organise autour de la gestion des cités, la frontière ethnique et les partages discriminants qu'elles effectuent peuvent être envisagés comme les opérateurs politiques à partir desquels s'organise la régulation des rapports entre l'Etat et les réseaux notabiliaires locaux, chacun concevant, pour des clientèles différenciées, le parc social à la fois comme une ressource, dont il organise la distribution, et un instrument de gestion urbaine. (résumé de la revue)
Aujourd'hui le mot d'ordre de mixité se présente comme un mode de traitement de la présence immigrée dans la ville. L'objectif explicite de mixité sociale recouvre une visée sous-jacente de mixité ethnique alors même que le thème de l'ethnicité est contourné par les discours publics nationaux. La confrontation des trois terrains -les villes d'Evry, Mantes-la-jolie et Sainte-Eulalie- montre que les deux postulats de la mixité ethnique -dispersion spatiale et intégration sociale individuelle des populations immigrées- sont loin de rencontrer l'assentiment des partenaires locaux. Leur scepticisme se double d'une incapacité à formuler un diagnostic spatial concernant les regroupements résidentiels des immigrés. Les stratégies mises en oeuvre pour réaliser l'objectif de mixité sollicitent différents leviers d'action, mais les marges de manoeuvre des politiques publiques apparaissent réduites. L'analyse des pratiques locales permet de vérifier le déficit de transparence, l'importance des pratiques discriminatoires qui effectuent la gestion du logement des immigrés. (résumé de la publication)
Les multiples acceptions du mot "ethnie" et son usage de plus en plus fréquent soulignent le risque contemporain de banalisation des catégorisations sur des fondements pseudo-identitaires. Nouveau poncif, le qualificatif "ethnique" est couramment employé par les professionnels du contrôle social pour mettre à distance une population jugée difficilement socialisable, voire indésirable. Or l'ethnie, en tant que facteur d'identité, doit être conçue comme un mouvement dynamique, et non comme un rassemblement de caractères immuables. Marqueur de l'Autre, l'ethnie renvoie, dans le contexte occidental et de manière ambivalente, aussi bien à différentes formes d'exclusion sociale qu'à des manifestations de revendication culturelle. Rendre compte de la complexité et de la mobilité des identités sans dénier le particularisme des groupes constitute un défi non seulement pour les chercheurs, mais aussi pour les travailleurs sociaux et les gestionnaires du logement social. (résumé de la publication)
Depuis plus d'un siècle, les catégories statistiques décrivant les populations en relation avec l'immigration sont construites à partir de la nationalité. Or les objets des disciplines à fondement quantitatif ont été largement façonnés par les nomenclatures de l'institution statique. L'emprise du "fait national" s'est également appliquée à la construction sociologique de l'objet "immigration". Replacée dans la longue durée, la soumission des sciences sociales aux catégories du politique en matière de nationalité souligne leur difficulté à se distancier de leur propre intériorisation du modèle national d'intégration. Le recours récent à de nouvelles taximonies reflète des changements de perspectives et annonce une convergence dans les modes d'analyse avec les sciences sociales nord-américaines ou britanniques. Le développement des études portant sur "les immigrés", puis sur leurs descendants, témoigne d'une reformulation des problématiques et ouvre de nouvelles perspectives de recherche qui sont rapidement évoquées. (résumé de la publication)
Cet article est le résultat d'une recherche comparative menée sur deux sites, Sarcelles-Lochères et Garges-La Muette, où s'opposent deux logiques de ségrégation, agrégation volontaire et captivité, deux parcours d'immigration, deux types de référence à la France et au pays d'origine (incluant l'origine mythique que représente la terre d'Israël). Le cas de la concentration des juifs à Sarcelles est exemplaire à bien des égards : organisation forte conjuguée avec un émiettement communautaire ; pôle d'attraction et territoire de l'identité. Ce dernier est le résultat de deux types de stratégies : celle des traditionalistes, qui construisent un espace de confiance, prolongement de l'espace d'intégration, et celle des orthodoxes, qui mettent en place un espace de séparation. Dans le quartier de la Muette à Garges-les-Gonesse, les vieux résidents compensent la captivité par leur réseau de connaissances et les jeunes, leur vécu d'un "parcage des immigrés", par des stratégies d'appropriation de l'espace, qu'elles passent par la création de bandes ou par l'entrée en islam.(résumé de la publication)
La famille maghrébine négocie au sein du logement le maintien de valeurs culturelles et l'adaptation à la société d'accueil.
La pratique de la ville affecte profondément la culture de la famille émigrée. Rapidement, l'exposition à l'espace public, les mots, les objets, les formes de consommation conjuguent leurs effets. Il en résulte l'hybridation des pratiques quotidiennes, urbaines et domestiques. La famille n'est plus la même du point de vue de sa composition mais aussi du point de vue de la répartition des pouvoirs, des identités et des positions relatives de ses membres. La maison du retour, envisagée comme terme d'un nomadisme résidentiel nécessaire, devient vite une résidence secondaire, appendice d'une résidence principale placée dans la périphérie d'une grande ville française. L'analyse de ces transformations est au centre de l'ouvrage. C'est le résultat d'une recherche collective menée sur plusieurs sites en France, mais aussi au Maghreb. L'ambition des auteurs est de renouveler la compréhension du rapport des "immigrés" de France à la société et à l'espace, à partir d'une étude ethno-sociologique.
A partir de la visibilité de la religion dans l'espace urbain d'un quartier multiethnique en France (Paris, Belleville), l'auteur dégage les stratégies d'implantation de l'islam, du judaïsme et du catholicisme et l'importance des régulations sociales sur un territoire. Celles-ci s'exercent autour des lieux de culte, mosquées, synagogues, églises, des commerces, des lieux intermédiaires comme le marché et déploient des sociabilités manifestes jusqu'à inscrire leur rite dans l'espace public lors des fêtes religieuses. Mis à part les Loubavitch, repliés sur leur communauté, la pratique religieuse s'affiche comme l'attribut d'une mixité sociale revendiquée comme telle.
La présence massive dans les foyers immigrés de téléviseurs, paraboles et magnétoscopes entraîne une profonde modification des rapports entre hommes et femmes et entre générations et une redistribution de l'espace public et privé de chacun des groupes concernés. Mais indéniablement, ce sont les femmes qui y gagnent le plus en moyens de sociabilité.
Pour mener à bien ce bilan bibliographique, les auteurs ont sélectionné les thèmes pouvant poser la place de l'immigration dans la production de l'espace urbain : les itinéraires résidentiels et la sédentarisation, la ségrégation spatiale, les frontières entre privé-public, la cohabitation résidentielle et les sociabilités, la diversité des pratiques culturelles, les problèmes des jeunes... Leur travail s'appuie sur l'analyse d'environ trois cents articles, rapports et ouvrages. Le premier chapitre présente les courants d'idées et les positionnements successifs des disciplines; il est suivi d'une analyse des thèmes qui ont concentré la réflexion sur le champ urbain; enfin, sont discutés les concepts éclairant la question.